dimanche 21 avril 2019

Notre-Dame en flammes !

Braise !
Feu, flamme, flammes, feux,
Braises !

Et dans ce flamboyant cauchemar, la flèche dressée vers Dieu qui chute vers l'Enfer !

Braise !
Feu, flamme, flammes, feux,
Braises !

Le sublime, à l'état pur: beau et terrible à la fois !
Un immense bûcher des vanités, le deuil d'une civilisation morte.

Braise !
Feu, flamme, flammes, feux,
Braises !

Ce soir, tout Paris est silencieux, du silence d'un tombeau.
Ce soir, toute la France est comme orpheline d'une parente qu'on croyait éternelle.
Ce soir, le monde entier est en suspens, en déni, comme on l'est devant une blessure imprévue, devant un membre fantôme.

Braise !
Feu, flamme, flammes, feux,
Braises !

Qu'on le fasse donc se taire, cet ennemi que l'Homme a dérobé aux Cieux pour son malheur,
Ce Lucifer qui s'attaque au sanctuaire de pierre des hommes de prières et des hommes de doutes !

Braise !
Feu, flamme, flammes, feux,
Braises !

Mais avec le temps, avec du courage, avec difficulté, comme l'homme humilié se relève, dressant son poing pugnace face à l'adversité, la vieille Dame de pierre dressera à nouveau, vers son époux, fils et père, sa flèche pleine de paix, de bonté et d'espérance prospère.

JBH

dimanche 7 octobre 2018

Un monde sans ... n°19: Un monde sans Aznavour



Que c’est triste, le monde, quand Aznavour est mort ! Qu’il est triste, le monde, quand on ne l’entend plus ! Les médias, les églises, ses mélodies nous portent, inutiles mélopées à nos oreilles déçues … He must be the face we can’t forget.

Mais Aznavour est comme un jour, il s’en va, il s’en va, Aznavour, et il n’est bientôt plus qu’un plaisir démodé, une Bohème, un Ménilmontant d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, puisqu’on ne connaît plus aujourd’hui ce qui date d’avant sa naissance …

Que c’est triste, le monde, quand Aznavour est mort ! C’est un monde qui n’est pas for me, for me formidable … mais show must go on, comme ils disent.
Et pourtant, pourtant, on aime que lui, le monde d’Aznavour . Alors, oui, il faudra bien que l’on retrouve notre raison, notre insouciance et nos élans de joie. Oui, il faut savoir encore sourire quand le meilleur s’est retiré et qu’il ne reste que le pire dans une vie bête à pleurer .

Mais ces dernières années, nous avons tant perdu !
Roger Moore et Patrick Macnee, les derniers gentlemen !
Christopher Lee, le plus grand des monstres du cinéma !
Ken Adam, le bâtisseur des rêves !
Simone Weil, la survivante mais aussi l’engagée !
Carrie Fischer et Claude Gensac, les Princesses des chevaliers Han et Louis !
Pierre Bellemare, Guy Piérauld et Jean Piat, les incomparables voix de notre enfance !
Et Johnny Halyday, le cow-boy rockeur !
Et France Gall, évidemment …

Malgré tout cela, il faut savoir mais moi, je ne sais pas et comme deux tziganes qui, sans répit, gratteraient de leurs guitares, les chansons d’Aznavour font renaître sous sa voix ma folle mémoire …
Un monde sans Aznavour est un monde sans mémoire, un monde bien vide. Alors, camarade, camarade, soyons à notre tour des Simone Weil, des Roger Moore, des Aznavour, des engagés, des gentlemen ou des crooners ! Que l’on puisse dire : Aznavour est mort, vivent Aznavours !

Car, au fond, avouons-le entre nous, il ne peut exister de monde sans Aznavour.



dimanche 21 février 2016

Cabinet de curiosités de J.W.T.A Wichtigtuer: Pourquoi la Vache-qui-rit rit ?


J'ouvre une nouvelle catégorie à ce blog: le Cabinet de curiosités de J.W.T.A Wichtigtuer.
Son but ?
Aucun.
Si ce n'est de donner des explications sans doute valables à des questions que l'on ne m'a pas posées.

Commençons avec la résolution de cette énigme qui aura longtemps occupé les esprits et les chercheurs les plus zélés.


Pourquoi la Vache-qui-rit rit?



Pour répondre à cette importante question existentielle, il faut revenir aux origines de la Vache-qui-rit.
Le fromager qui donna ce nom à son fromage, Léon Bel, travaillait lors de la Première Guerre mondiale pour le RVF ( Ravitaillement de Viande Fraîche) dont les camions sont ornés d'un logo bien particulier.
Il s'agit d'un dessin du célèbre auteur-illustrateur de l'époque, Benjamin Rabier, qui représente une vache hilare. Pourquoi une vache hilare, une vache qui rit?
Tout simplement pour railler le logo des camions de transport des troupes de l'ennemi allemand qui s'inspire du célèbre opéra de Richard Wagner, La Valkyrie

Mais ça, il est aisé de le trouver dans certains livres ou sur l'internet. 
Peut-on vraiment réduire l'explication à une piètre plaisanterie ( Valkyrie / Vachkyrie) de début du vingtième siècle?


Non.
Et pour cause!
La résolution de cette énigme est bien plus incroyable !!!
On la doit à Benjamin Rabier, le créateur de la Vache-qui-rit, et indirectement à Jean de La Fontaine.


OUI ! 
JEAN DE LA FONTAINE !
Qui l'eût cru?


Les Fables parues au XVIIe siècle entre 1668 et 1694 ont connu un grand nombre de rééditions accompagnées d'illustrations.
Et ce, à différentes époques: François Chauveau au XVIIe siècle, Gustave Doré et Jean-Jacques Grandville au XIXe siècle et Benjamin Rabier au XXe siècle, pour ne prendre que d'illustres exemples. 

Tiens, tiens! Revoilà notre ami Rabier!
En effet, Benjamin Rabier fait paraître en 1906 une version des Fables de La Fontaine illustrée par ses soins. Et si l'on s'attarde sur les illustrations, notamment celles de la fable 3 du livre premier intitulée La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf, on découvre un personnage bien familier ...
Rappelons l'histoire de cette fable:
une grenouille voyant un beau, grand et fort bovidé décide de lui ressembler et se gonfle devant son modèle. Cela sous l'oeil de sa soeur, observatrice extérieure, capable de faire la comparaison. La pauvre grenouille s'enfle tant qu'elle explose. Morale de la fable: il ne faut pas être orgueilleux.
Cela rappelé, observons qu'il n'est nullement fait état des réactions du boeuf dans le texte. Benjamin Rabier, lui, va en inventer.
Et devinez comment le boeuf réagit devant la crevaison de notre pauvre grenouille orgueilleuse dans l'illustration de Rabier?
Il rit: si vous cherchez à être supérieur à ce que vous êtes, non seulement vous n'y parviendrez pas, vous risquez de mourir mais surtout, on rira de vous.

En 1906, soit presque vingt ans avant la création de la Vache-qui-rit, Rabier imagine donc un boeuf qui rit. 
Et si l'on compare le logo repris par la marque de fromage (disponible sur internet) et ce détail de l'illustration de la fable (pouvant être vue intégralement sur Gallica ou à la BNF), on voit ...



... qu'elles se ressemblent énormément, comme le brouillon l'une de l'autre !




Ainsi donc, vous savez désormais pourquoi la Vache-qui-rit rit.
Elle rit à cause de la grenouille de La Fontaine.

Peut-être rit-elle avant tout de l'orgueil: c'est ce que fait le logo de la Vachkyrie française devant la Valkyrie qui servait d'emblème aux camions de transport des troupes allemandes lors de la Première Guerre mondiale.
C'est sans doute ce qu'elle fait aujourd'hui, recelant un tout autre secret, face à votre serviteur qui pense avoir compris pourquoi elle rit.




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Tombeau d'Umberto Eco


Exit le grand Umberto quand naît le poisson !
Ecce Eco ! Ecce Eco ! Ecce homo !

Lui, le plus grand auteur de ce temps qui se meurt,
Le plus grand écrivain de ce siècle encore nain !
Ecce Eco ! Ecce Eco ! Ecce homo !

Le Patron bienveillant des bibliothécaires,
Des chercheurs, enseignants et autres littéraires !
Ecce Eco ! Ecce Eco ! Ecce homo !

Mais que fait donc la Vie?
Hier Chris et Harper Lee,
Cyrano aujourd'hui !
Mais que fait donc la Mort? Et qui va l'arrêter
Dans sa course longue et folle
Qui meurtrit et affole
La pensée moribonde qu'elle impose à l'esprit
Où les livres abondent auxquels il prête vie
Lui, une bibliothèque digne d'Alexandrie
Lui qui est plus qu'un être,
Lui qui est un souris,
Ecce Eco ! Ecce Eco ! Ecce deo !

 
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mercredi 7 octobre 2015

Complainte des exilés loin de soi quels qu'ils soient



Sur les bris de leur néant ronronne l'amère,
Sur les ruines de leur présent, tout indiffère
Et tout est silencieux, et tout est solitaire
Comme un ver parasite, fracas d'une carrière -
Carrière d'hommes, non de pierres -
Encore que sous le lierre,
Hors du glorieux Hier,
Rien ne bat: tout s'enterre
Perdu dans cet enfer.

Ô, vous qui détruisez et qui croyez bien faire:
Venez donc écouter ces fantômes de pluie
Et leurs pleurs éphémères
Que bientôt feront taire
Seigneur Temps, Dame Mort qui tout drainent dans l'oubli!
Seul restera gravé sur l'asphalte entaché
Du sang des trépassés
Votre nom, signature de culpabilité,
Signature de qui chasse, qui condamne sans sauver.




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mardi 28 octobre 2014

Pour un Art poétique

Une grande œuvre jamais ne recherche ni ne convoque le public.
Au contraire, elle le rejette, se ferme à lui, prend autant que possible ses distances. Car l'accès au message se mérite et le message jamais ne mendie . Car l'auteur réel est altier, prisonnier des hauteurs nébuleuses d'où il s'adresse aux autres hommes. Seul un auteur de souk se fait imprésario et prostitue son livre.

Et l'art poétique, le seul, le véritable, s'est glissé comme un vœu dans les préfaces de Racine, les épigraphes désinentiels de Balzac loin des piteux "Oyez !" de Chrétien et des promesses phatiques de Guillaume de Lorris, par exemple.
Écrire, c'est s'adresser au temps et à l'espace pour des lecteurs clairvoyants. C'est parler depuis sa tombe aux lecteurs de demain ; parler à travers le bruit médiatique et malgré les quolibets aux sages contraints de vivre dans le troupeau vulgaire ; parler enfin aux géants de l'Hier qui nous regardent, pygmées, avec une bienveillante mais dépitée condescendance.

Une grande œuvre ne plaît pas.
Elle ne génère ni argent, ni foule en délire, ni panique au supermarché à sa publication, ni même l'encensement de la critique.
Car elle n'est pas un objet commercial. Elle est une part d'idéal.
Car elle n'est pas démocratique. Opaque, hermétique, obscure, fermée au commun, elle n'a pour destinataire qu'une intimiste élite d'yeux capables de discerner ce que cèle chaque mot, chaque lettre.

***

Le lecteur est un alchimiste, un chercheur de trésor. L'auteur donne un talent dont il sait faire de l'or et cet or – de culture, de sagesse – seul est sa réelle richesse. Et, bien que fabricant de ce métal précieux, humble il est et reconnaissant au sol qui lui donna la matière brute d'où il a pu l'extraire.

Le lecteur est un orfèvre du livre et de la page : sa peine chronophage le cloue toujours aux mêmes passages – comme des visiteurs de musée toujours en la même salle, des promeneurs solitaires toujours en la même clairière – où il médite toutes les pensées dites derrière un simple mot.

Le lecteur commence un livre, jamais ne le finit. Car aucune de ses escales ne suffit à user les splendeurs qu'il puise dans une scène, au détour d'un chapitre, dans la mélopée d'une phrase complète, inachevée :
" Et l'unique cordeau des trompettes marines "

***

L'auteur, lui, est comme Dieu ; il crée, il modèle, met en scène et jamais ne s'explique. Car, s'il le faisait, d'où viendrait que l'on lise ?
Non, l'auteur qui régit, qui définit, qui range et classe son œuvre est un tortionnaire et un esclavagiste qui mutile son œuvre et jette le lecteur aux fers d'une pensée unique.

L'auteur, lui, est comme Dieu. Un Verbe créateur, une parole amie qui tient compagnie au lecteur qui daigne l'entendre. Un proche qui le suit partout, qui lui livre son cœur et auquel parfois le lecteur livre le sien en retour.
Maris jaloux, tremblez ! Il se peut que Balzac soit l'amant de votre femme.
Solitaires qui semblez perdus, incompris, en ces temps incertains, souriez ! Il y a toujours un auteur qui à votre oreille peut dire : "La lecture nous donne des amis inconnus, et quel ami qu'un lecteur ! Nous avons des amis connus qui ne lisent rien de nous !".

***

Mais pour qu'existe une telle relation, il faut bien qu'elle soit sincère.
Or, comment le lecteur d’œuvres commerciales, l’œuvre qui cherche à complaire et l'auteur démagogue pourraient-ils tisser entre eux des liaisons honnêtes ayant un fond réel ? Certaines d'entre elles font penser à des entretiens d'ascenseur relatifs à la pluie et au beau temps ; d'autres, à un désert assourdit d'un silence bruyant.

L'auteur sélectif, l’œuvre méditative et le public choisi le peuvent car il y a entre eux une rencontre qui ne fait aucune promesse mais peut provoquer un coup de foudre.
Je dis d'un livre que c'est un bon livre " parce que c'était lui, parce que c'était moi ".

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samedi 24 mai 2014

Une promenade champêtre

Un éclair de blancheur!
Mille bouquets en fleurs:
Muguets, lys, lauriers blancs,
Marée! Resplandissante,
De jaune des blés et même
De bleu, de violet,
Mais des myosotis,
Brisent l'épiphanie.

Une ombre rassurante.
Et son calme, un vent frais.
Au milieu, une sente,
Où l'on peut en retrait
Rêver, et vivre enfin
Se rappeler ce qu'est,
Hors de ville, hors des soins,
La vie belle, la vive vraie.

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