Je marche le long d’une rue faite d’eau et gondoles.
Et le son d’un violon me pénètre, m’enjôle
Comme un Revenez-y d’une Vienne d’autrefois
Dans milles, peintes de gris, Venises à la fois.
Et j’hume soudainement la verte onde du Léthé
Qui, comme peinte de runes, respire l’Éternité.
Ô ! Ces ruines de temples, colosses immarcescibles !
Ô ! Ces pyramides d’or aux murmures inaudibles !
Ces sourires de jadis aujourd’hui si vivants !
Tant d’épaves invaincues par la Mort ou le Temps
Exilées, méprisées, par l’ignorante foule
Qui traverse nonchalante ces trésors qu’elle refoule.
Ces temples de marbre d’Inde aux murs tels des miroirs
Recèlent en leurs seins froids tants de secrets, d’Histoire !
Et ces géants de roche, ou brisés ou courbés,
Gisant en Italie, semblent me murmurer :
« Toi qui cherche les secrets du monde et de la vie
Toi que traquent les heures, toi petit et fini !
Délivrent nous des villes, qui empestent, nous salissent
Prenons le large sur l’heure, vers les Mères, vers jadis !
Tu y verras Achille mettant à mort Hector
Tous les châteaux de Crète, les rois, les minotaures,
Toutes ces choses enfin dont NOUS chantons encore
L’existence trépassée, quand nous caresse l’Aurore. »
Des larmes à ces complaintes écorchent ma joue nue
Devant ces monuments énormes et muets
Qui à présent s’endorment, gardiens désuets,
D’un passé momifié qu’on ne voit déjà plus,
D’une époque de sagesse à jamais disparue.
Je longe la lagune, vénitienne grève
Le violon geint, s’achève… Ainsi que mon rêve.
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