jeudi 28 juin 2012

Plat du jour 2

Knock, Jules Romains

 

Certes, il existe de nombreuses parodies du monde de la médecine.
Molière, le plus illustre, n'est pas l'initiateur de cette satire déjà antique. Beaucoup s'y sont prêtés, sans doute pourrait-on croire la source tarie.
Beaucoup de chercheurs de tous niveaux se sont penchés sur cette satire féconde. La télévision même et le cinéma s'en sont emparés du kiné de De Funès dans Oscar au médecin malade de La doublure.

Qu'espérer de nouveau?

La réponse est Knock de Jules Romains, une de ces pièces qui sont tant à lire qu'à voir.
Sans vanter l'excellent film avec Louis Jouvet, premier metteur en scène de la pièce en 1923, j'aimerais vanter les honneurs de cette oeuvre qui en a réconcilié plus d'un avec le théâtre.

Ce n'est pas une énième satire grotesque de médecins pédants, confondus à la fin par la mort de leur patient ni un nouveau malade imaginaire.
Comme son sous-titre l'indique, il s'agit du triomphe de la médecine. Donc d'un éloge paradoxale de la médecine à rendre les gens conscients ou inconscients de leurs maladies. En effet, on retrouve dans cette pièce les docteurs Tant-pis et Tant-mieux de la fable de La Fontaine par le truchement du Docteur Parpalaid et du Docteur Knock, aux déontologies totalement opposées, l'un ne voyant le mal nulle part, l'autre le percevant partout.
La nouveauté de Romains par rapport à La Fontaine ou Molière est de faire des médecins stratèges qui sont conscients que, quelles que soient leurs méthodes, elles ne sauveront jamais personne. Les médecins ne sont plus les charlatans que Proust reprenait encore à Molière dans sa Recherche du temps perdu mais des hommes politiques qui promeuvent l'immobilisme ou un faux changement.

Knock ou comment utiliser la médecine pour faire la satire du monde de la communication. Car le premier complice de Knock est le Tambour du village, l'alter-ego des médias, et le triomphe de Knock n'est pas celui de la médecine mais celle d'un méchant de James Bond, devenant maître du monde.

Knock,  satire de la médecine pourtant, dénonçant plus subtilement que ses prédécesseurs non les résultats de la médecine mais les moyens parfois détournés et lucratifs qui y mènent: Manigances de Knock et le pharmacien, propagande scolaire (c'est le terme utilisé par Romains) et autres cabales peu morales.

Courte, simple à lire et prenante, cette pièce est un véritable anti-dépresseur.
Prescription de votre bon docteur qui vous rappelle que la vie est une maladie mortelle et que l'un de ses remède est la lecture.

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