dimanche 23 septembre 2012

Plat du jour n°6

Le Château des Carpathes, Jules Verne

Carpathes, ça sonne Dracula, vampires, monstres en tous genres.
Ce sont ces mêmes monstres en tous genres qui hantent selon le Magister Hermod le bourg d'un des romans les plus méconnus mais aussi les plus passionnants de Jules Verne.

Et surtout, l'un des plus révélateurs du chantre de la science.
Car en fait de chantre de la science, Verne se révèle un joueur de mots et de lettres, accumulant les références à Virgile, les néologismes en début d'oeuvre et jouant durant le reste avec les codes du fantastique hoffmannien. Tous les personnages du fantastique à l'allemande s'y retrouvent: l'étrange opticien, l'antagoniste cauchemardesque présent en des lieux les plus insoupçonnés et la folie toujours plus envahissante.
De sorte que dans un décor digne des Bucoliques, une suite de mésaventures effroyables va trouver un terme dans un audacieux mais sublime mélange de Dracula et L'Homme au sable.

Ce que Verne fait de mieux, c'est qu'il attache à des personnages dont on suit les périls de si près que l'on croit les vivre soi-même!
Plongez donc sans tardez dans l'obscurité opaque et labyrinthique du vieux bourg aux milles pièges et milles malices! Un univers où l'amour donne la mort, fait triompher le mal, transforme en monstre ou en diable! Où tout semble irréel!

Semble? Oui, car Jules Verne reste chantre de la science en ce sens que - n'était la noirceur de l'intrigue - Le Château des Carpathes peut se lire comme l' Île noire d' Hergé ou un épisode de Scoubidou: tout s'explique à la fin de façon on ne peut plus logique et scientifique.
Jeux de miroirs, tableaux, fil téléphoniques, gramophone, projecteurs cinématographiques, autant d'engins imaginés par la science romantique pour justifier ce que le vieux professeur du village attestera comme l'action d'esprits malveillants.

Une oeuvre qui sert aussi tout un courant théorique sur l'auteur des Voyages extraordinaires: Jules Verne serait antisémite!
Chacun se fera son avis devant les personnages de l'aubergiste Jonas et de l'opticien qui, s'ils sont indéniablement juifs et portés sur l'argent et la parcimonie, sont pourtant attachants par ce même défaut que certains chercheurs ont prit en horreur.

Un roman court à découvrir ou redécouvrir et qui prouve dès sa première phrase que le réalisme n'est pas nécessairement dénué de fantastique.


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illustration du meilleur des illustrateurs de Verne (du moins à mon sens): Monsieur Léon Benett!

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