Un monde sans poètes…
C’est un monde de Cybernautes perdus, qui vivent pour vivre comme une montre qui ne s’arrêterait pas dans un monde sans temps. Un ensemble de rouages bien huilés, mécaniques, sans âmes, qui tournent, tournent et tournent et dont le seul grain est cette même troupe de rêveurs.
Bref, un monde fidèle à l’esprit de Jules Verne dans Le Paris du XXèmesiècle, où tout doit être utile…ou bien est-ce futile, le terme m’échappe…
Pour Aragon, ce serait même un monde sans langage donc sans raison, sans discussion et violent pour Barthes ; ou encore un monde sans liberté où le monde entier est occupé par l’économie.
Un monde d’explosions et de nuages nucléaires qui brisent tout en atomes, en molécules et autres pixels de la nature. Un monde sans explosions de vers ni fleuve de sagesse, d’ivresse et d’amour qui fusionnent les êtres les uns aux autres.
Un monde sans musiciens,
Un monde sans chanteurs,
Un monde sans délires verbaux…
Où règne une langue quotidiennement plus vide de jour en jour :
- Comment Philinte, vous allez bien ? Comment le pouvez-vous, je ne vais pas bien moi-même ! Mais la forme exige que je réponde : « Moi aussi, passé un bon week-end ? ». « Bien ou bien ? » : quelle alternative ? Philinte, tu te tais ? Ne voulais-tu rien dire sinon « ça va ? » ?
C’est un monde où l’art poétique de Vaugelas l’emporte sur celui de Mallarmé :
- Comment Théophile ? Quelles nouvelles de mon rayon de soleil ? L’Angoisse ce minuit soutient lampadophore ! Toi aussi ton jour est devenu Lune ? Où s’est la naïade envolée ? Une force centripète t’attire vers une déesse ? Que pleures-tu encore celle qui te fuit ? Desinas ineptire et à qui mieux mieux car brevis vita est l’Ami !
C’est un monde de Cicéron en trois périodes et de Jules César en un mot : c’est un monde monocorde, ennuyeux, sans imagination.
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