Un monde sans Vampires...
C'est pour commencer un monde dépourvu de dangers: sécurisant comme une maison natale ou la matrice maternelle avant la naissance.....comme la mort, c'est à dire un monde où l'on ne ressent ni mal, ni froid, ni fatigue, ni peur. Et pourtant un monde qui se prive de sel et de tout ce qu'il y a de bon dans la vie. C'est un monde sans jeux, sans suspens, sans audace, monotone et insensé comme l'ataraxie du sage stoïcien qui dort plus qu'il ne vit.
C'est un monde sans créatures féroces, c'est à dire sans défis à relever ou sans personnes aimées qu'il s'agit de dompter: une classe d'enfants sages, de poupées de porcelaine. Un monde doux, où rien est inaccessible si ce n'est la jouissance de parvenir à ses fins suite à une cascade d'efforts: un monde sans adrénaline, sans épicuriens. Un monde où l'on ne voyage pas à la découverte de l'autre mais où il révèle tout, tout en se cachant timidement derrière une ardoise portant ses nom et prénoms.
C'est un monde sans vampirisation, sans désir du sang de l'autre: un monde sans sexe. Un monde où l'on craint plus le sida que le Diable lui-même, pâle troubleur de fête face au virus. Un monde où l'on a peur de ses fantasmes par peur du ridicule: un monde de chuchotements et de tabous. Un monde où, à défaut de vampire, le Pince Charmant est celui qui possède la plus longue épée et non le plus gros cœur. Un monde où l'on banalise un acte qui devrait être l'acmé d'une fresque romantique.
C'est un monde sans gentlemans à crocs, passant leurs nuits blanches dans de lugubres cercueils de bois, au chaud sous leur linceul: un monde où la science, la médecine et la technologie leur décoche un violent coup de pieu, les envoyant de ce fait croupir au fond de vieilles éditions de Dracula ou de quelques manuscrit que la poussière dévore, leur servant d'oubliettes. C'est un monde sans magie, comme le 21ème siècle face aux siècles passés où le feu était un miracle, l'électricité une fée et l'amour bien plus que de simples hormones. C'est un monde où des enfants aigris ironisent de tout, la curiosité les ayant abandonné à leur triste sort de fous ne croyant plus au lièvre de Pâques, aux sorcières d'Halloween ou au Père Noël. Un monde où l'on meurt de n'en savoir que trop, à ne plus s'émerveiller du retour du petit jour.
Appartenez-vous, dîtes moi, à ce monde où l'on ne croit pas aux vampires?
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