Il
était une fois, oserais-je vous le dire, un barbu peu ordinaire.
Oui, car ce barbu était imberbe.
Vous
haussez les sourcils ? Vous êtes étonné ? Il y a de
quoi ! A-t-on déjà vu sous le ciel un barbu ne possédant pas
la moindre barbe ? Et bien, oui, il y en eut un. En vérité, il
existe beaucoup d’imberbes, qui s’intéressent aux barbus. Ce qui
répugne les barbus car ils n’ont d’autres intérêt que les
femmes. Mais notre barbu était faussement imberbe. Je veux dire par
là qu’il cachait son identité de barbu derrière son apparence
d’imberbe. Et cela sans le savoir. C’était une sorte de Tartuffe
malgré lui.
Comme
tous les barbus, il portait un intérêt particulier aux femmes, mais
il allait toutefois jusqu’à leur vouer un culte. On racontait que
c’est là ce qui troublait sa pilosité. On avait pas
tort. Mais, comme il ne lui poussait pas la moindre barbe, le bruit
courrait qu’il était un monstre, coiffé de nombreuses oreilles,
muni d’un œil unique , voyeur et maladif, qu’il était infecté
des pires maux que les enchanteurs du moment avaient bien pu trouver.
On disait cela de tous les imberbes, et il arrivait parfois que la
rumeur soit fondée. Mais pas dans le cas de notre individu, étant
donné que bien qu’imberbe d’apparence, il était en réalité un
barbu refoulé.
Afin
que cessent les calomnies à son sujet, le barbu imberbe prit le
parti de se marier, et descendit au village à la quête d’une
femme. En l’espace de trois ans, il se maria et se remaria à de
multiples reprises. Mais nul ne vit jamais ressortir ses femmes de
son terrifiant manoir. Cela inquiéta la région, et nul parent
n’accepta de lier leur fille à un être d’aussi sordide et
funeste réputation. Si bien que le temps passa sans que le
barbu ne trouve femme. On l’oublia peu à peu reclus dans son
séjour en haut de la montagne du village. Son existence n’était
plus qu’une vielle légende absurde traitant d’un ogre à la
barbe bleue, tueur de femmes.
Mais
le Destin est capricieux et se plait à jouer des tours. Il laisse
triompher le Mal pour faire éclater, d’une splendeur pure et
lumineuse ce fol espoir auquel on s’accroche et qu’on
appelle le Bien. Car il se trouva, au village une jeune femme, qui se
distinguait des autres. En plus d’être d’une beauté et d’une
fraîcheur enchanteresse, en plus d’être d’une bonté sans
faille et d’un optimisme sans borne, elle jouissait d’une
témérité dont ne faisait preuve nulle autre. Et ayant entendu un
jour cette vieille fable au sujet de l’ogre barbu, elle prit sur
elle de pénétrer l’effroyable montagne, lieu si étrange que nul
n’y allait jamais. Il faut dire que cette jeune femme si téméraire
prit également peur lorsque, traversant ces falaises
escarpées, ses sentiers sinueux bordant de noirs gouffres sans fond,
elle perdit son chemin son chemin et presqu’aussitôt connaissance.
Les arbres millénaires, des aulnes grisâtres et menaçants
l’avaient observé durant tout le trajet, et semblaient se murmurer
de terribles secrets, comme un peuple cannibale préparant son
festin avant de sauter sur sa proie. Les yeux des hiboux et corbeaux
avaient luit dans l’obscurité, se confondant avec les lucioles,
comme si Argus s’était terré dans les feuillages pour l’observer
de ses innombrables yeux. Perdue dans ce flot continu de
chuchotements, noyée dans cet océan de regards indiscrets, son
esprit affolé s’était mis en sommeil. Et puis plus rien, jusqu’à
ce qu’une douce et langoureuse musique, une symphonie de petites
clochettes d’or et d’argent, l’éveille dans un pâle
matin luxuriant de milles roses et arbres multicolores, que
rafraîchissait une petite bise et son manteau de rosée.
Elle
n’était plus dans la sombre forêt, au beau milieu de la montagne
aux falaises tranchantes comme des pieux acérés. Non, bien au
contraire ! Tout autour d’elle n’était que fleurs, petits
ruisseaux et couleurs en pagaille.
« Serait-ce
l’Eden ?, s’inquiéta soudain la jeune fille, serais-je
morte ? »
Mais
elle n’était pas au paradis, pas plus qu’elle n’était morte.
Un homme arriva, qui se présenta comme le maître des lieux, et qui
l’aida à se relever : le barbu imberbe. Il était d’une
grande beauté et d’une rouge timidité, ne s’exprimait que par
des phrases enchâssées et chaotiques, sous le joug de l’admiration.
Cette pruderie fit bien rire la jeune fille, qui recouvra son
assurance perdue dans les bois.
« Je
me nomme Kaline, et je viens du village », dit-elle à son
bienfaiteur. L’homme se rembrunit, et déclara d’un air sombre,
accompagné d’une voix rude qu’il haïssait les gens du
village. Kaline, bien attristé, lui révéla que nul ne croyait plus
en son existence et qu’elle était venue jusqu’ici pour s’assurer
du contraire.
« On
conte que vous êtes un hybride mi-homme, mi titan, qui déclenche
les pires tempête en frottant sa barbe bleue. Vous semblez si
bon, et vous n’avez pas la moindre barbe… »
« C’est
là tout mon malheur, répondit le barbu d’une voix sèche comme du
papier émeri, comme je n’ai pas de barbe, je n’ai pas de femme,
et tout le monde me déteste ! Rentrez chez vos amis, ces gens
si dédaigneux, si vous ne voulez pas finir comme moi ! »
« Je
suis venue jusqu’ici pour vous, accordez-moi le temps de me
remettre de mon voyage ! », proposa Kaline.
« Il
va sans dire que vous pouvez rester ici un temps, mais ne vous
y enracinez pas. Je n’ai pas de jardinier pour me débarrasser de
la mauvaise herbe ».
Il
fut évident à Kaline que le barbu imberbe n’était pas un homme
facile à vivre et qu’elle devrait au plus tôt s’en retourner
chez elle. Mais elle décida de rester au moins jusqu’à l’aurore
suivante, ce qu’elle fit. Le barbu l’invita donc à dîner en
grande pompe dans sa salle à manger, et pour ce faire, lui fit dont
d’une robe somptueuse, parée de milliers de diamants
brillants à la manière d’une myriade de soleils. Une cascade
d’émeraudes plongeait dans le dos et un collier d’améthystes
mauves et bleues en enrichissaient le col. Le tissu qui la composait
était d’un bleu profond comme celui de l’océan la nuit, par
temps orageux. Vraiment, cette robe était merveilleuse car elle
portait en elle tous les éléments qui font que le monde est monde.
Une fois vêtue, Kaline n’aurait pas trouvé rivale sur terre.
Elle
entra silencieusement dans la salle à manger, s’efforçant à
respecter le code de bonne conduite qu’on lui avait enseigné à
respecter en pareille situation. Mon dieu, ce que cette salle était
immense ! On y aurait pu cacher cinq palais, et nul roi ou
calife n’aurait pu se l’acheter pour quelque argent qu’il eut
donné. Car cette richesse est d’un ordre supérieur, mais
seuls les yeux d’une femme amoureuse ne peuvent l’apercevoir.
L’Amour est un trésor inestimable, et contrairement à une idée
reçue, les roses sont plus chers que les bijoux, car elles coûtent
des lambeaux de cœur. Kaline alla s’assoir en bout de table à la
place opposée à celle du barbu. On lui servit toute sorte de plats
de toute origine. Et de même qu’à chaque bouchée elle découvrait
un goût nouveau, elle appréciait de plus en plus son hôte à
chaque minute qui s’écoula. Lui-même ne put se soustraire aux
nombreux charmes de son inattendue visiteuse. Comme chacun de ses
sourires faisait naître en lui comme un de ces vents frais et
parfumés de Vendée ! Comme ses yeux malicieux le
rendaient minuscule devant elle. Combien chaque partie de son
anatomie, la minutie de son faciès mutin et rieur lui inspirait
l’espoir du bonheur éternel ! L’Amour s’empara d’eux
sans crier gare et ils se marièrent au village près de trois mois
plus tard.
Oh,
certes, on chercha à les en dissuader ! Mais rien y fit.
Ils vécurent heureux un bon temps dans le manoir, en haut de la
montagne. Mais un jour, le barbu imberbe dut partir quelques semaines
afin de se rendre à un congrès international des barbus pour donner
son opinion quant l’acceptation des barbus à prothèse. Les
discours politiques sont souvent des sujets vides d’intérêt.
Toutefois, avant que de se mettre en route, il prit sa douce épouse
dans ses bras, et lui tint à peu près ce discours. Il serait
bientôt de retour, elle lui manquait déjà, elle pouvait aller et
venir où bon lui semblait dans la bâtisse à l’exception d’un
boudoir situé dans l’aile Est . Ce lieu lui était formellement
interdit, et s’il lui en donnait la clef, c’est qu’il plaçait
en elle une confiance aveugle. Sur quoi, il l’embrassa très fort,
et sauta dans son fiacre, qui partit aussitôt.
Les
heures passèrent, malmenant la curiosité, éveillée par
l’interdit, de Kaline.
Lorsqu’elle n’en put plus, elle couru vers le boudoir de l’aile Est et y entra.
Lorsqu’elle n’en put plus, elle couru vers le boudoir de l’aile Est et y entra.
Vision
d’horreur ! Elle découvrit des femmes jeunes et belles,
enchaînées, laissées aux serpents. La légende semblait donc dire
vrai : le barbu était un tueur !
« Mais
alors, s’écria Kaline, il va me faire subir le même triste
sort ! ».
Horrifiée, elle s’apprêta à quitter les lieux, lorsqu’une voix geignarde l’interpella :
Horrifiée, elle s’apprêta à quitter les lieux, lorsqu’une voix geignarde l’interpella :
« Qui
es-tu, toi qui fuit ? La nouvelle épouse du barbu ? ».
C’était une des femmes qui parlait, et Kaline se tourna vers, s’efforçant dans les convulsions que lui imposait l’effroi d’hocher même légèrement la tête. D’une voix tremblante et, elle lui assura la compassion qu’elle éprouvait à son égard, et annonça qu’elle devait fuir pour sauver sa vie.
La femme toussa faussement, rit d’un air mélancolique : « le seul mal que ton mari puisse te faire, c’est de ne point t’en faire ! »
C’était une des femmes qui parlait, et Kaline se tourna vers, s’efforçant dans les convulsions que lui imposait l’effroi d’hocher même légèrement la tête. D’une voix tremblante et, elle lui assura la compassion qu’elle éprouvait à son égard, et annonça qu’elle devait fuir pour sauver sa vie.
La femme toussa faussement, rit d’un air mélancolique : « le seul mal que ton mari puisse te faire, c’est de ne point t’en faire ! »
Cette
affirmation paradoxale acheva de surprendre Kaline, qui s’effondra
en pleure, confessant qu’elle ne comprenait plus rien. Alors la
femme se leva, se libéra de ses chaînes et lui dit : «
Tu as désobéit au barbu, tu es venue ici. Cela était inéluctable !
Chaque femme transgresse le stade d’un amour pur et éternel en se
posant des questions, qui comme des vipères lui viennent prendre par
surprise . Ces vipères nous souffle à l’oreille le désir du
luxe matériel, de l’argent et surtout de l’animale sexualité.
Il nous apparaît alors que seul un homme riche et habile du sexe ne
nous peut convenir. Ces reptiles sont mortels aux amantes et font
naître des intéressées. Nous sommes les amantes du barbu. Comme il
nous aimait trop, il n’a jamais osé nous pourfendre de son sabre
et tuer le serpent qui vit en nous. Ainsi, et sans le savoir, il nous
a livré à la débauche et à l’inconstance. Nous sommes mortes
pour lui et vivons ailleurs avec d’autres barbus violents et
prétentieux. Ils nous donnent de l’or en échange de la
satisfaction de leurs désirs charnels. Tel sera ton sort, s’il ne
te libère pas à temps du serpent qui s’est emparé de ton
âme lorsque tu as franchi le seuil de ce boudoir ».
Kaline
décida alors de courir en haut de la tour du château pour guetter
le retour de son époux. Comme elle ne vit rien , elle envoya un
pigeon voyageur à sa sœur Aline pour savoir si son mari serait
bientôt de retour . Elle lui écrivait « Aline, ma sœur
chérie, ne le vois-tu pas revenir ? » et Aline lui
répondait : « Non, ma sœur adorée, je ne vois venir que
l’orage et le vent ».
Kaline
était angoissée. Et s’il venait un poil trop tard ? S’il
n’étais là lorsque l’infâme vipère prenait possession de son
âme avant son retour ? Mais le congrès était enlisé dans
d’infertiles discours quant au bienfondé du poil artificiel
et la légitimité des actes terroristes perpétrés contre les
laboratoires fabriquant du gel de rasage. Les barbus protestants
reprochaient aux barbus musulmans de leur avoir volé l’idée
d’être barbus, et les barbus musulmans imputaient cela aux barbus
juifs. Bref on tenait des discours, pour traiter d’autres, et tous
les barbus s’étaient perdus dans ce labyrinthe d’ordres du jour
divers qui promettait de durer encore une bonne douzaine de mois, si
ce n’est d’années.
Il
fallut donc à Kaline trouver une idée pour tromper le serpent
visqueux, qui grossissait ses annaux et s’agrandissait d’heures
en heures, se rapprochant de son cœur. Elle se mit dans l’idée
qu’elle ne songerait à rien d’autre que de filer un
immense tapis d’or pour recouvrir le sol du manoir tout entier tant
que son mari ne serait pas de retour. Les messages d’Aline n’étant
guère plus optimistes, elle défaisait la nuit ce qu’elle filait
le jour. De cette façon, son époux serait là avant qu’il ne soit
trop tard.
Mais
le congrès des barbus n’en finissait plus. Certains barbus,
pourtant très sympathiques, s’énervaient sans raison apparente,
et prétextaient l’absence d’autres barbus pour ne pas donner
leur avis. Le débat s’était orienté vers le droit de
fleurir sa barbe. En effet, cela faisait bien 2300 ans que
Charlemagne était mort, peut-être y avait-il prescription,
permettant de fleurir sa barbe sans risque de plagiat. Arriva alors
le barbier de Séville, un certain Figaro, qui voulait que tout
cesse, et qui à force de flatteries et de mots bien placés, eut
vite fait de mettre tout le monde d’accord. Le congrès s’acheva,
et le barbu s’aperçut du temps perdu : « Par ma barbe
inexistante , s’écria –t-il montre à gousset au point, mais je
suis terriblement en retard car ma Reine m’attend ! ».
Il sauta sans plus attendre dans son fiacre et partit à toute allure
vers son manoir.
Lorsqu’il
arriva, le manoir semblait dévoré par les ronces, comme un
amas de ruines que l’œil imagine en château dans certains
tableaux de Caspar David Friedrich. Il n’était plus le palais
luxuriant que le barbu avait laissé derrière lui, mais un résidu
de rêves évanouis, se réunissant prêts à prendre la fuite. Même
le fécond jardin où Kaline s’était éveillée n’était guère
plus qu’un potager délaissé, un cirque de mauvaises herbes qui
dansaient, voltigeaient de part et d’autre quand elles n’enlaçaient
pas, étouffantes, les quelques saules pleureurs, survivants de ce
Waterloo botanique. Ce spectacle de désolation n’étonna pas le
barbu, qui baissant la tête, comprit que sa femme avait transgresser
ses bienveillantes recommandations. Les femmes sont si paradoxales :
elles bâtissent des rêves qu’elles sont les premières à mettre
en cendres. La mort dans l’âme, notre héros imberbe entra dans la
bâtisse et se dirigea vers ce qui restait du boudoir de l’Aile
Est. Kaline était là, qui l’attendait le souffle court, couverte
d’une malsaine sueur, les yeux perdus dans une démence
labyrinthique.
« Par
ma barbe, ma femme, mais qu’avez-vous donc fait en mon
absence ?! », s’écria le barbu imberbe au comble du
désespoir.
« Je
ne me puis contenter, Seigneur, de vos rêves naïfs et enfantins !
Je veux plus, beaucoup plus ! De l’or ! De l’or et des
joyaux ! Des fontaines et des fontaines, des cascades de
joyaux ! Des cascades immenses comme celles du Niagara ! Et
puis je désire ardemment le plaisir et la satisfaction des sens !
Je veux sentir des poils me griffer l’épiderme ! Je veux
hurler d’un fol plaisir sous les assauts d’une sexualité
débridée ! Je veux un homme fort et savant qui sache faire
tout et surtout tout ce que je lui ordonne, mais qui me le donne
comme il me le refuse ! Un rustre qui m’aime de l’amour le
plus tendre ! Comment ai-je donc pu m’enticher d’un individu
qui n’a même pas de barbe ! ». Ces élucubrations
lancées comme une pluie de flèches incandescentes, elle se leva et
écumant d’une rage incompréhensible, se jeta sur son mari,
cherchant mordre.
Le
pauvre barbu imberbe ne sut que faire, se libéra et courut vers la
porte, enfermant à double-tour dans le boudoir ce monstre qui avait
pour traits ceux de sa tendre épouse. Il se souvint alors de ce que
lui dit le jour de la mort de sa première femme, le guérisseur de
la région, un vieil ermite sage et mystérieux. Chaque femme
possède en elle le serpent de la Genèse qui s’empare d’elle un
beau jour pour lui prêter l’amour du vice et de la débauche.
L’Amour n’y peut rien faire, seul l’Amant le peut. Il doit
faire preuve d’un immense courage, s’emparer d’une lame, et
pourfendre le monstre pour sauver l’innocence de la Belle. On sait
que bien des fois les parents se changent à contrecœur en
loups-garous pour dévorer ces mêmes vipères chez les enfants.
Parfois les adultes doivent faire de même entre eux : l’homme
doit tuer la vipère féminine, et la femme domestiquer le loup
masculin. Un monde sans amour est un monde livré à l’animalité.
Mais
jusque là, le barbu imberbe n’avait jamais eu le courage de
pourfendre le monstre dont ses femmes étaient otage. Vouant un culte
à celles-ci, il n’aurait pu leur percer le ventre à coup de
sabre. Ainsi, à chaque fois, leur innocence restait là, moribonde,
tandis qu’elles s’éloignaient vers la cupidité et le
vice.
Mais
Kaline était différente des autres, le barbu le savait bien. Elle
avait bravé tous les dangers de la forêt, toutes les interdictions,
elle avait fui patrie, famille et amis juste pour lui : un
misérable barbu imberbe, risée du monde des barbus, lie du monde
des amants. C’était à lui à présent de prouver l’ardeur de sa
flamme. Cet être qui l’avait insulter la richesse de ses
sentiments, qui avait bafouer tout ce en quoi il croyait, qui avait
fait de sa femme une sorte de gargouille terrifiante de lubricité,
cet être n’était pas sa femme. Singulier dragon que celui-ci !
Il fallait agir au plus vite !
Le
barbu imberbe s’empara violemment du sabre familial,
l’aiguisa à le rendre plus tranchant qu’un récif de corail, et
se précipita au boudoir où le serpent déjà commençait à dévorer
la pauvre Kaline. D’un coup sec et dur, il l’embrocha. Et tandis
qu’il hurlait de toutes ses forces, ne sachant même plus
quelle en était la cause, la vipère se tortilla sur le sol, prenant
petit à petit feu. Les paupières de Kaline restèrent closes durant
trois jours .
Trois maudis jours qui passèrent pour son mari comme des nuits éternelles. Et puis, à l’aube du quatrième jour, elle ouvrit les yeux, accueillant son bien-aimé d’un petit sourire enjôleur. Mais ses yeux s’ouvrirent grand à sa vue, offrant à son mari son reflet comme dans un miroir. Quelle ne fut pas sa stupeur, découvrant que son acte héroïque lui avait fait pousser une barbe noire, élégante et fournie !
Trois maudis jours qui passèrent pour son mari comme des nuits éternelles. Et puis, à l’aube du quatrième jour, elle ouvrit les yeux, accueillant son bien-aimé d’un petit sourire enjôleur. Mais ses yeux s’ouvrirent grand à sa vue, offrant à son mari son reflet comme dans un miroir. Quelle ne fut pas sa stupeur, découvrant que son acte héroïque lui avait fait pousser une barbe noire, élégante et fournie !
Depuis,
les deux amants ne se quittèrent plus d’une semelle, veillant
chacun au salut et surtout au plaisir de l’autre. Ils
donnèrent naissance à deux admirables jeunes filles et deux jeunes
barbus….imberbes.
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