dimanche 31 juillet 2011

"Un monde sans… " 11 (dédié à Franz Kafka)

Un monde sans administration …

Un monde sans administration, c’est un chaos reposant et terrible à la fois. C’est un monde sans cases, où l’on est tout et rien, où on est libre et proie. Proie des forts, proie des traîtres, bref proie de tous sauf de la Loi et ses moroses fonctionnaires.

Un monde sans administration, c’est un monde sans surprise, bonne comme mauvaise. Car quoi n’est-ce pas une bonne surprise une administration qui fonctionne ? Et l’inverse, bien qu’énervant et souvent prévisible ne résulte-t-il pas de la déception de cette même bonne surprise que l’on bâtissait en tête sans même oser y croire ? C’est un monde sans cette fantaisie légendaire qui le caractérise, où les chiens sont des meubles précieux et l’effigie de quelques prétentieux d’irremplaçables personnes. Un monde où l’on migre de bureaux en bureaux, de porches en porches, d’escaliers en escaliers, de couloirs en couloirs, comme dans un labyrinthe pour tomber finalement sur une porte où trône un postit fantaisie gravé de l’épitaphe de Jean Cocteau : « Je reviens ». Où chacune de ses portes gardées par des sentinelles, plus puissantes les unes que les autres, ressemble à celle de la parabole de la Loi.

C’est un monde sans laissez-passer A38 où Astérix n’aurait pas doublé Hercule. Un monde où l’on ne se perd pas, dans un grand rangement. Un monde où les flâneries de l’esprit et du cœur ne se font pas dans l’ordre et la discipline, en bonne et due forme, sous un immense tampon d’encre. C’est un monde sans paperasses, un monde sans désert, un monde rempli de milles forêts. Un monde où curieusement, le bon sens semble reprendre sa place…

C’est un monde sans allemands, un monde sans hiérarchie non plus. Où tous les hommes sont égaux dans la même impuissance à se contrôler eux-mêmes. Un monde où l’on use que parcimonieusement de toute notre rêverie, occupé que nous sommes à ne pas faire de dérive que nul ne saurait prévenir, ni stopper. Un monde sans garde-fous, un monde au garde- à -vous face à son semblable, tête-en-l’air tyrannique, qui l’oppresse de multes tentations auxquelles il ne peut plus céder.

Ce n’est pas  un monde d’enfants irresponsables auquel on substitue en bougonnant un monde d’adultes gardés par des enfants : un monde administratif.

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