Un monde sans dictionnaire de synonymes (à Christina Stiede qui, la première s’est posé cette question)
C’est un monde avec un dictionnaire en moins, constatation des plus élémentaires et des plus abordables.
Un monde sans polysémie, sans double-sens, sans faux-amis, sans sosies, sans jumeaux, sans équivalents, et par voie de conséquence sans cette liste.
Un monde sans babélisme où l’on trouve encore une langue matrice : toute langue effacée, chacun se comprend et tous les hommes sont égaux. C’est un monde parfait !
On ne peut s’y tromper, s’y mentir, s’y méprendre, les signes étant uniques et délivrant chacun un sens qui lui est propre, sans voisinage de sens. C’est un monde où le langage est franc, honnête, comme le sont ses habitants. Qui ne voudrait vivre dans un tel monde ?
Seulement voilà : un monde sans dictionnaire de synonymes est aussi un monde sans nuances, sans toutes ces petites parcelles de sens, dont on se passerait volontiers, mais qui forment le Tout de notre langage. Et un monde sans synonymes devient vite à son tour aussi imparfait que celui qu’on lui oppose.
Certes, un monde sans dictionnaire de synonymes n’empêche pas l’existence de la synonymie. Mais en ce qui concerne la connaissance de ces synonymes, le dictionnaire est la porte qui en garantit l’accès, d’où sa véritable importance. D’où un monde sans dictionnaire de synonymes est un monde de nuances qui existent et que l’on ne connait pas.
Je ne dirai qu'une chose, mon cher ami... Le littéraire que tu es est comme le juriste que tu étais : un obsédé textuel.
RépondreSupprimerP.S : Un jour, je créerai un lieu dédié au culte de Christophe Grzegorczyk !