Un monde sans Noël…
Un monde sans Noël, n’est-ce pas celui de Mister Scrooge ? Un monde froid, obscur, qui empeste plus la cave que le caveau ? Un monde où comme des Marley, nous traînerions dans une nuit de givre sans autre espoir qu’un printemps éphémère qui tarde à venir, caché dans l’horizon par l’oppressante brume ? Un monde où l’on dirait du 24 Décembre : « C’est à cette époque de l’année expirante que je souffre le plus ! »
C’est le monde impuissant de Cyrano, où la terre infertile n’engendre que la gadoue et les chutes mortelles. Le royaume de la Reine des glaces d’Andersen, de la Sorcière blanche de Lewis : un corps livide, sans âme, sans vie ; un monde de mort où seule la glace des miroirs ne donne des frissons… dans le dos.
C’est un monde sans bonhommes de neige, sans batailles de neige. C’est un monde sans neige, sans cette candide blancheur des cœurs. Ce monde du reste de l’année où geint l’innocence sous les coups d’Hypocrisie, sadique jouisseuse. Un monde où la neige n’est pas cette mer de diamants aux milles feux mais bien un amas de détritus météorologiques gênant, où les flocons ne sont pas cet émerveillement commun des sens, cette rechute en enfance, mais un motif de discorde, de fatigue et de mauvaise humeur. Toi, qui n’aimes pas la neige, je te crèverais le cœur par les yeux avec un glaive de pluie pour que tu restes à jamais prisonnier des cadavres de feuilles de l’automne !
Un monde sans Noël, c’est un monde sans naissances, donc un monde sans enfants. Où l’amour s’étouffe dans quelques draps, où l’Humanité ne recevra aucun Sauveur. Un monde sans étable, sans âne, sans bœuf, ni vierge, où les bergers et autres santons de chaire et d’os attendent en vain un ange et une étoile qui ne viendront pas. Un monde sans Noël, c’est un monde sans Noël, Noëlle, ou quelque soit leurs noms : sans enfants de Noël. C’est un monde où il ne fait pas bon naître en hiver…
C’est un monde sans chocolat, sans pain d’épice, sans sucre d’orge, sans gourmandise. Un monde sans goût et donc sans intérêt.
C’est un monde sans chants, sans ces voix de l’âme qui percent à travers nos corps raides et fermés comme celle d’Apollon à travers la Sybille.
C’est un monde sans cadeaux, sans attention, sans tendresse. Un monde sans amour qui se pourrait offrir, découvrir ou avouer à la veille sacrée.
C’est un monde sans traineaux, sans rennes, sans Père Noël… C’est un monde d’incrédules que rien n’abuse ni ne fait rêver, un monde d’éternelle vieillesse !
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