Qui, de sa vie, n’a jamais goûté à ce plaisir obscur de l’occulte de la serrure ? Ou plutôt de la clef ? Prenez une clef banale de cuivre ou de métal, d’or ou d’argent, quelque en soit la matière, prenez donc une clef petite, grande, de forme simple ou complexe, archaïque ou moderne….bref, prenez une clef.
Quelle que soit cette clef, elle vous procurera les plaisirs intenses de la libido sciendi .Car si sa poignée, comme tout ce qui est matériel, est palpable ou agrippé par nous, son autre extrémité, comme la métaphysique, nous échappe ainsi qu’un gaz, un bout de nuage, ou du brouillard. En un tour de main, si je puis dire, elle se perd dans la nuit de la serrure, qui cache justement au jour ses rouages secrets que seul un serrurier déchiffre, comme le grand Horloger nous cache des vérités que seul l’ermite atteint.
Mais, accroché à notre bout de clef, c'est-à-dire en fusion avec elle, nous pénétrons aussi, de façon tactile, par le ressenti, les mystères de la serrure. Aussi vrai qu’épanchant sa libido sentiendi, Adam découvre le jardin secret d’Eve grâce à la clef, quelque qu’elle soit, qui lui fut donnée par le ciel.
Qu’est-ce que la vie, sinon une serrure impénétrable, un but ayant pour but d’en chercher le but sans toutefois parvenir à le trouver ? Ce plaisir de ne jamais savoir, et de toujours apprendre, de passer de portes en portes inlassablement, chaque seuil nous métamorphosant en plus âgé et plus savant.
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